"Ze mag'zine, relais d'idées et d'influences"- article sur l'expo "Over the rainbow" sous le titre « Over the rainbow Une expo totalement belge !", avec un diaporama sur les peintures, portraits descriptifs de la galerie, et de chacun des 3 artistes. Article sur le site de Ze mag'zine
[...]" il faut voir sous ce titre très connoté celui de la nouvelle exposition* de la non moins toute récente encore galerie Duboys. Situé au cœur du toujours très couru haut Marais (qui, rappelons le, n’est pas le IVe mais le IIIe arrondissement), cet espace voué à l’art contemporain dans ses différents états a ouvert ses portes en octobre 2010. Un projet né de la passion de vingt et un associés, mécènes d’art contemporain et acteurs reconnus du monde de l’art et des affaires[...] d’où émerge en figure de proue le peintre Thierry Diers auquel ce collectif, aficionado de son œuvre surfant sur la vague de l’expressionnisme abstrait, voulait mettre à disposition un lieu d’exposition. Un parti-pris n’excluant cependant en rien le fait d’exposer d’autres artistes tout ce qu’il y a d’estimables tels Philippe Baudelocque, Denis Brun, Grégoire Chéneau, Pierre Moignard, Emily Schiffer ou bien encore Audrey Zouari.
Partition pour trois solistes
Mais pour revenir à Thierry Diers, ne voilà-t-il pas que loin de jouer les Divas ne supportant pas d’autre alternative que de briller en solitaire (syndrome auquel il pourrait parfaitement succomber au regard de sa côte sur le marché de l’art et la présence de ses créations dans un nombre impressionnant de collections tant privées que d’entreprises et d’institutions), celui-ci a donc décidé de jouer la carte du trio pour cette exposition. « Over the rainbow » le met en effet en perspective avec Yvan Theys et Bernard Gaube. Leur point commun ? Leurs racines belges condensant en ces trois artistes tout ce que le « Plat pays » chanté par Brel et aujourd’hui en proie à la division et à la plus parfaite débandade sur le plan politique recèle de cultures, de langues et de manières de penser différentes. Cette exposition a de ce fait pour premier intérêt d’offrir les visions picturales d’un flamand (Yvan Theys), d’un wallon (Bernard Gaube) et d’un français de Flandre (Thierry Diers) dont les univers respectifs, à la confluence des cultures germanique et latine, se nourrissent pourtant des mêmes références artistiques multiples et assumées. Trois approches artistiques oscillant entre abstraction et nouvelle figuration avec détour à l’ombre tutélaire des grands maîtres des XVIIe et XXe siècles.
Du néo-expressionnisme …
YVAN THEYS
Natif du village flamand de Marke en 1936 et décédé en 2004, la démarche entre poésie et existentialisme de la peinture d’un primitivisme délibéré, voire d’une brutalité questionnante et incantatoire, d’Yvan Theys s’inscrit d’une manière libre dans un schéma néo-expressionniste. Lointain héritier des Schmidt-Rottluff, des Beckmann et des Kirchner par sa géométrisation souple et rythmée des figures, le jaillissement de ses lignes, ses plans en formes fuselées, sa palette chromatique très affirmée et sa propension à alterner courbes longues et angles vifs, Theys a surtout développé une appropriation très personnelle de la nouvelle abstraction. Diplômé de l’Institut Supérieur des arts plastiques à Doornik (il en deviendra d’ailleurs l’un des enseignants à partir de 1959), lui qui avait véritablement démarré une carrière de peintre dans les années 1960 a commencé à imposer la virtuosité de ses pinceaux avec la décennie 1980. C’est à cette époque-là que sa réflexion créative croise celle de la chorégraphe Pina Bausch par rapport à la danse l’amenant à insuffler à sa peinture un souffle nouveau peuplé de figures monumentales et dynamiques. Il y associera la sculpture (bois et bronze) en symbiose étroite avec sa recherche d’un langage plastique à la dimension quasi rituelle.
… à l’abstraction …
BERNARD GAUBE
Bernard Gaube, même s’il a vu le jour à Kinsantu au Congo le 12 juillet 1952, n’en affiche pas des moins des origines wallonnes. Vivant et travaillant à Bruxelles, celui qui se revendique parfait autodidacte s’est d’abord consacré à la céramique sur une période allant de 1972 à 1980. Un travail qui le conduira à exposer un peu partout en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, lui valant de se tailler au passage une plutôt jolie notoriété. Passionnée par les approches picturales de Pincemin, Buraglio et Gasiorowski, Gaube finit par abandonner en 1979 ses tours et ses fours pour ne plus se servir que de pinceaux. En quête incessante de ce qu’il qualifie « d’expression de l’Etre » dans de nombreux portraits et autoportraits nimbés d’expressionnisme allemand et d’allusions à l’univers de Matisse, il n’hésite pas à se confronter à de grandes figures de nus comme autant de clins d’œil assumés au virtuose du genre Lucian Freud (décédé à 88 ans en juillet dernier). Artiste d’instinct autant qu’homme de réflexion, Bernard Gaube a exercé de 1995 à 2001 la fonction de chargé de cours au sein de l’Académie Internationale d’été de Libramont avant de devenir conférencier à l’Ecole supérieure des arts plastiques et visuels de Mons.
… Une recherche commune d’émotions vibrantes !
THIERRY DIERS
Né à Dunkerque en 1954 mais d’origine flamande, Thierry Diers confie avoir eu une enfance marquée par de fréquents allers et retours entre la Flandre française et la Flandre flamande. Passé par l’institut Saint-Luc de Tournai, il y suit les cours d’Yvan Theys et, à Lille, ceux du peintre Eugène Leroy. Débarqué sur Paris en 1978, il exerce pour vivre la profession d’architecte (il a signé, entre autres, la conception du palais du Prince Sultan à Taif) sans jamais pour autant cesser de s’adonner à la peinture. Longtemps sous influence figurative, Theys s’oriente vers un « expressionnisme abstrait » au début des années 1980. Ce qui ne l’empêchera pas à la suite d’un voyage en Egypte une décennie plus tard de revenir à une certaine forme de figuration dans sa manière de chercher à capter l’émotion, sujet constitutif de sa peinture.
« Je suis à la recherche d’une vibration. La vibration est principale, elle est en tout, elle est dans la vie, elle est la vie » se plait à répéter celui qui, du trio, apparaît comme le plus probable des traits d’union entre ces deux visages à la fois si proches et si radicalement étrangers qui font la Belgique.