Fin de l'exposition de Bernard Guillot, ce samedi 16 mars

Fin de l'exposition de Bernard Guillot, ce samedi 16 mars

Les gouaches de Bernard Guillot nous emmènent en Orient, dans un espace souvent indéterminé qui est pour beaucoup dans le charme qui s'en dégage. Parfois, à partir d'une ruine, d'un arbre, d'une rivière, l'artiste ajoute à l'encre ou à la gouache une barque, un personnage, une frise végétale, une lune... (Télérama a sélectionné et décerné 2T à cette exposition)
24 janvier - 16 mars 2013
 

Artiste français, né à Bâle en 1950, Bernard Guillot partage son temps entre la France et l’Egypte.

 

Collections :  Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Centre Georges Pompidou, Fond National d’Art Contemporain, Musée d’art Moderne et contemporain de Nice (MAMAC), FRAC Haute-Normandie, Centre national des arts plastiques, Bibliothèque Nationale, Université américaine du Caire.

 

Prix Nadar 2003

 

C’est en 1992 au Grand Palais à Paris que j’ai croisé l’oeuvre de Bernard Guillot, la galerie François Mitaine présentait une série de ses gouaches, à quelques mètres, la galerie Diane Manière proposait mes toiles. Tous deux nous parlions d’Egypte, de silence, de racines.  Par la suite, j’ai découvert d’autres gouaches, photos et sculptures de Bernard Guillot chez Agathe Gaillard, François Mitaine, Serge Aboukrat et toujours ce même plaisir de me laisser envoûter.

 

Durant ce temps, deux de ses temperas m’accompagnaient tels des repères. J’imaginais son œuvre en cours, c’était au loin comme une lumière qui me rassurait dans le tourbillon d’une création contemporaine éloignée de son univers. Notre rencontre eu lieu en 2007. 

 

Aujourd’hui, cette exposition est une halte qui me permet d’explorer la richesse de l’univers de Bernard Guillot.  C’est avec un immense plaisir que je veux vous faire partager cette œuvre unique hors du temps qui, comme un paradoxe, éclot dans notre monde du court terme à l’actualité permanente. 

 

 

Pour en parler, comme pour écouter une musique, il faut lâcher prise.

Il y a la matière, le papier et la couleur, on flotte et effleure l’image.  Le sujet interroge, les tons caressent l’esprit, tout est curiosité et nous enveloppe.  On désire connaître, tout savoir et pourtant laisser le silence ne pas déchirer le rêve.  Bernard nous offre un espace-temps, nous relie à des racines secrètes que l’on peut enfin apercevoir. Elles apparaissent, des instants et des moments connus, ce sont nos parents lointains ou nos doubles ?  Comme une onde parallèle, une histoire se prolonge.

 

Il y a de l’amour, de la sensualité et de l’affection.  L’homme est grandi, respecte l’autre, l’espace, le temps.  Nous sommes une chaîne et en se laissant abandonner, nous retrouvons l’oasis du Fayoum, une paix où des chevaux longent des bassins, croisent des hommes marchant sans hâte en longues tuniques blanches. 

 

Mélange de souvenirs d’Ancien Testament, de cahiers de catéchisme où je découvris le plaisir d’illustrer un monde qui parlait de beauté et de quiétude, d’hommes tranquilles qui chevauchaient des ânes, de visites des maisons charentaises de Pierre Loti.  Je pense à Zachée réfugié dans son arbre, aux grottes de papier de nos veillées de décembre, à la Sainte Famille traversant le Sinaï, au peuple juif à la recherche de la terre promise, au chant du Muezzin, à la felouque de l’Ile Eléphantine dans le silence d’une fin de journée sur le Nil.  Tout est là, instants fragiles de ces tempéras sur papier et images de l’hôtel Maffet Astoria où l’on croise les ombres aimantes d’un monde qui regarde courir le temps.

 

Thierry Diers, décembre 2012